Par Elisée Lompo
« O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain » (Lc 18 :11)
Il y a une vingtaine d’années, je lisais un journal assis dans une librairie chrétienne. Et quelle fut ma surprise à la suite de cette lecture. Des fidèles d’une même église dénonçaient leurs condisciples ou leurs leaders qui étaient pourchassés et abattus à coups de bâtons, de machettes. D’ailleurs plus tard au plan national plusieurs hommes d’église seront reconnus coupables devant le tribunal pénal international. Quelle était la raison de ces agissements ? Les rivalités ethniques qui ont entraîné ce que l’on a appelé le génocide rwandais.
Après toutes ces années, de nombreuses interrogations subsistent et les gens cherchent toujours à comprendre les raisons profondes de ce drame. L’étonnement est encore plus grand quand on prend en considération l’appartenance religieuse de certains coupables. Notons que ce pays était cité par des missiologues comme un exemple de réussite de christianisation avec une population chrétienne estimée à plus de 80%.
Ce comportement aux antipodes de l’enseignement biblique peut s’expliquer à travers l’exemple du pharisien. En élevant sa prière vers Dieu, ce dernier fait une remarque importante. « Je ne suis pas comme … ce publicain ». Il y a en chaque être cette tendance humaine non seulement à se comparer aux autres mais aussi à s’estimer supérieur aux autres et à les rabaisser. Si ce n’est pas sur une base raciale ou ethnique c’est alors sur une base économique ou sociale.
Il est facile de pointer du doigt les chrétiens qui ont été complices de cette violence ouverte qui a eu lieu sous d’autres cieux. Pourtant n’y a-t-il pas les mêmes germes en nous ? Est-ce que la gestion de nos communautés locales, de nos organisations chrétiennes, de nos entreprises est exempte de considérations raciales, ethniques ou régionalistes ? Tout en célébrant nos différentes identités culturelles qui sont certainement un don de Dieu, nous ne devons en aucun cas oublier qu’elles sont toutes secondaires. En Christ, nous faisons partie de la même famille de Dieu.
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